J'ai travaillé pendant quinze ans à des postes d'encadrement d'équipes et de formation, d'abord dans un laboratoire de développement photographique, puis dans le secteur de la téléphonie mobile. En parallèle, j'étais, à titre personnel et professionnel, engagée dans une pratique photographique. L'orientation de ce travail a toujours été pour moi de choisir le pas de côté, de saisir ce qui ne se voit pas au premier regard et de conserver une trace de quelque chose dont j'ai été touchée. J'ai observé avec beaucoup d'émotion ce va-et-vient entre l'affect et la pensée opéré par l'image, notamment confrontée à des problématiques de lien et de séparation. Sans pouvoir le définir à ce moment là, la photographie m'amenait à ce travail de symbolisation, à cette mise en conscience et en représentation de mon histoire personnelle. La photographie est devenue médiation. Tout au long de ma carrière, j'ai été touchée par des histoires de vie. J'ai pris conscience que ce qui m'importait dans mon travail, c'était de favoriser l'autonomie et de valoriser les compétences des personnes avec qui je collaborais. Alors que j'étais face à des individus en souffrance identitaire dans un cadre de travail, il m'est apparu évident qu'il était temps pour moi de transposer cet accompagnement au bon endroit. J'ai fait le choix d'arrêter mon travail pour intégrer le Diplôme Universitaire Soin Psychique, Créativité et Expression Artistique, dispensé par l'Institut de Psychologie de Lyon II, qui associe une approche psychanalytique et du champ social avec un travail sur la médiation artistique. Mon désir d'intégrer ce cursus s'inscrivait dans une volonté de structurer ma pensée autour des processus psychiques au travail lorsque l'on pense la question de la créativité et de comprendre en quoi le recours à une médiation artistique pouvait favoriser un accompagnement thérapeutique. Je me suis également formée à la technique du Photolangage auprès des psychologues réunis autour de Claudine VACHERET. Pendant le temps de ma formation, j'ai pratiqué l'art-thérapie en EHPAD, dans une école privée auprès d'enfants souffrant de troubles autistiques, en clinique psychiatrique et en psychiatrie carcérale. J'ai longtemps exercé dans plusieurs EHPAD de la région lyonnaise et j'ai animé un atelier arts plastiques auprès de personnes en situation de handicap, ainsi qu'en rééducation fonctionnelle à l'Hôpital Henry Gabrielle. La pluralité de ces expériences m'a enseigné que l'essentiel de l'accompagnement se passe dans la rencontre. C'est d'abord dans la rencontre et dans la résonance à ce que l'autre nous renvoie de son histoire, qu'un travail de transformation de soi peut être engagé. Que représente une rencontre, si ce n'est de pouvoir accepter d'être modifié par l'autre ? Dans ma pratique, c'est la rencontre avec ces différents publics qui m'anime et m'incite à inventer de nouveaux dispositifs, en lien avec leurs problématiques spécifiques. A chaque intervention, ma première pensée est de réfléchir à la manière dont je vais proposer une médiation afin de rencontrer l'autre dans sa singularité. " La rencontre de deux personnalités est comme le contact entre deux substances chimiques; s'il se produit une réaction, les deux en sont transformées. " Carl Gustav JUNG